YUIO ? Kicedonk ?

Il y a encore un an, le pseudo de YUIO n'était pas encore apparu sur une boîte de jeu.
Il faut dire qu'Etienne Simon (de son vrai nom) n'avait pas encore été sollicité par les maisons d'édition ludiques.

YUIO se consacrait à l'illustration et à la mise en couleurs de pages de magazines et de bandes dessinées et le fait toujours aussi bien.
Mais cela ne pouvait pas durer...
A force de traîner sur le blog Café Salé (blog de la communauté créative graphique), il a fini par se faire repéré par les gens de chez Sit Down !, la maison d'édition de jeu belge parente du magazine de jeu Plato. Et ça tombait bien ! Yuio est belge lui aussi et habite la même ville qu'eux donc c'est plus facile pour se voir !

En plus, Sit Down allait lancer son premier jeu : Wiraqocha (créé par Henri Kermarrec, mais lui, il n'est pas belge).

Voilà comment l'aventure ludique a commencée pour YUIO... Depuis, les illutrations de jeux se sont enchaînées pour lui :


    Wiraqocha (Henri Kermarrec, chez Sit Down! - 2011)

     Dojo (Antoine Bauza, chez Hazgaard - 2011)

           Takenoko (Antoine Bauza, chez Bombyx/Matagot - 2011)

Et quelque chose me dit que ce n'est pas prêt de s'arrêter...
Nous aurons l'occasion d'y revenir lors de la sorties des jeux sur lesquels il travaille actuellement (Zombie In My Pocket chez Psykéludique et Karnag chez Sit Down!).


Petit retour en arrière sur le travail de YUIO avec une petite interview réalisée il y a quelques mois :


Bulle de Jeux (BDJ) : Bonjour … Euh c’est Etienne Simon qui parle ou Yuio ? D’ailleurs pourquoi ce pseudo ?
Etienne Simon (ES)
: Je me doutais que cette question allait sortir. En fait, Etienne Simon m’a fait du mal au niveau pro. Il y a tellement de « Simon » que, des fois, on se trompait en me donnant ou en me retirant la paternité de certains projets. C’est en essayant de me démarquer que j’ai pris le nick Yuio. Ce sont 4 lettres qui se suivent sur le clavier. C’est un choix stratégique et au final, on connaît plus Yuio qu’Etienne Simon. Faut avouer que ça marque plus, non ? C’est moins passe partout au minimum ! (ce sera donc Yuio pour le reste de l’interview)

BDJ : Que faisiez-vous avant d’être l’illustrateur de jeux de société dont beaucoup de joueurs commencent à entendre parler aujourd’hui ? Quelle a été votre formation ?
Yuio : Depuis un moment, je suis auteur de bd et illustrateur freelance. À la sortie de mes études à Saint-Luc (Bruxelles), j’ai directement signé pour une collection de livres illustrés à caractère didactique chez un éditeur belge. Ensuite, j’ai eu pas mal de pages à faire en couleurs pour la plupart des éditeurs BD mais j’ai surtout voulu pousser mon dessin. J’ai donc collaboré un moment aussi à Spirou et illustré des petits livres pour enfants chez Averbode.

BDJ : Pas trop débordé en ce moment ?
Yuio : Débordé ? Si je dis oui, dans un mois, je n’aurai rien à faire et je devrai chercher un client !!! Non, non, j’ai encore quelques heures dans mes nuits. Tout va bien !

BDJ : La maison d’édition Sit Down! est belge. Cela a certainement favorisé votre collaboration autour du projet Wiraqocha. Mais qui a frappé à la porte de qui ?
Yuio : On vit déjà dans la même ville… et on a des amis communs. C’est le pote à pote qui a fonctionné et qui a permis que l’on se remette à collaborer. J’ai bien dit « remettre » parce qu’il y a eu aussi la volonté de me faire passer dans Plato et quelques projets illustrés en dehors du monde du jeu. La porte est donc ouverte et c’est les vents qui nous poussent à collaborer de temps à autre. On sait tous que l’on n’est pas très très loin.

 


Wiraqocha (2011)

BDJ : Dans Wiraqocha, deux environnements sont assez marqués : l’un très naturel dans un environnement luxuriant et un autre, très science-fiction futuriste imaginaire plein de robots. Avez-vous une préférence pour l’un ou l’autre dans votre travail d’illustrateur ?
Yuio
: Sérieusement… non. Il y a quelques années, des gens trouvaient que mes décors étaient assez vides. Avec ce jeu, je me suis rendu compte que j’ai sans doute fait un bon pas en avant. En ce qui concerne les persos plus humanoïdes ou la SF, j’ai un fond culturel qui a baigné dedans mais on me demande rarement de l’exploiter.

BDJ : Comment se passent les relations entre les 3 serviteurs des jeux de société que sont l’auteur, l’illustrateur et l’éditeur ? Qui propose, qui dispose ?
Yuio : Sauf erreur, l’illustration reçoit un cahier des charges de l’éditeur et de l’auteur. Avant même de se mettre à dessiner, il faut penser que c’est UN JEU et qu’il faudra donc que les images soient explicites par rapport aux demandes et à la jouabilité. On se dit que c’est facile mais en fait, ça impose pas mal de choses : des couleurs qui varient d’un univers à l’autre, des choses à unifier pour ne pas semer le doute, etc. Bref, dans un premier temps, l’illustrateur doit échanger pas mal avec les autres protagonistes… mais il y a un moment, lorsque les enjeux sont compris, où l’on a un sentiment franc de liberté à créer.

BDJ : Personnellement, préférez-vous être guidé (par les auteurs et éditeurs) ou au contraire, avez-vous besoin de beaucoup de liberté pour laisser s’exprimer votre imagination ?
Yuio : On ne peut pas dire qu’une situation ou qu’une autre est meilleure. J’aime bien la liberté, je suis freelance et donc ça colle à ma personnalité et mes envies… Mais il faut se rendre compte que l’on n’a pas pensé le jeu, que l’on n’y a pas joué parfois et que l’avis éclairé d’une personne qui connaît l’ensemble du projet est toujours une vraie bonne chose à prendre en compte. La liberté existe toujours de toute façon, même dans un champ d’action réduit. Tout ce qui n’est pas dit est permis et ça laisse quand même beaucoup de possibilités !

BDJ : Comment s’est passé la relation entre Henri Kermarrec, auteur breton et Etienne Simon, illustrateur belge ? Lui ici, vous, là-bas …
Yuio : J’ai l’habitude du télétravail. J’en suis fan même. On a échangé un email ou l’autre avec Henri au début de la mise en image mais c’est surtout l’éditeur qui a servi d’intermédiaire. C’est sans doute aussi parce que l’éditeur est géographiquement plus proche… ou parce qu’il avait le final cut.

BDJ : Le travail à plusieurs illustrateurs comme pour Dojo (avec David Rakoto) rend-il la tâche plus facile ou au contraire y en a-t-il toujours un mécontent qui veut refaire le travail ?
Yuio : Les deux fois où j’ai travaillé avec Hazgaard (Takenoko et Dojo), il y avait plusieurs illustrateurs mais le travail est cloisonné. L’un fera la cover, l’autre les règles, le troisième le plateau et ainsi de suite. C’est un procédé assez présent dans l’édition américaine par exemple… Pour être franc, j’ignore tout des visuels faits par David. Je les découvrirai sans doute lorsque j’aurai le jeu en main.

BDJ : Cela vous dérange-t-il que le nom des illustrateurs de jeux de société ne soit parfois même pas présent sur la boîte d’un jeu ?
Yuio : Je vais paraître peut-être paternaliste mais « oui ». En bd, on commence à reconnaître les coloristes en plaçant leur nom sur les couvertures. C’est un cran plus loin mais c’est une manière de reconnaître l’importance du travail de la personne. Parfois, quand il y a plusieurs illustrateurs, je me dis que ça serait horrible pour la maquette mais lorsque l’identité visuelle prédominante est celle d’un illustrateur, je la soulignerais.

BDJ : Est-il prévu que vous participiez à des salons de jeux au cours de l’année ?
Yuio : Je… je n’en sais rien. Chaque jour est un jour !

BDJ : Pour en revenir à votre travail, vous êtes plutôt crayon et gomme ou palette et « delete » ?
Yuio : Je travaille de manière old school avec les technologies actuelles. Une base classique pour la préparation et je finis tout avec un ordi. De toute façon, les éditeurs sont tous habitués à l’ordi. Ils ont pris l’habitude de demander des corrections et seul l’ordi peut empêcher la folie de devoir repartir parfois de zéro et de refaire toute une image. Il y a une flexibilité qui a été comprise et intégrée des deux côtés éditeur><illustrateur.


BDJ : Y a-t-il de grandes différences dans la manière de travailler entre l’illustration pour la BD et celle pour les jeux de société ?
Yuio
: Intrinsèquement, l’illustration pour enfants est souvent plus chargée de sens. Elle raconte un bloc texte plus important qu’un environnement ou un personnage à prendre pour ce qu’ils sont comme dans le jeu. D’un côté, on prend en charge une part d’histoire, de l’autre les images seront les moteurs à faire vivre une histoire. Evidemment, ça donne des enjeux et des images différentes





Angustus Copperpot (Wiraqocha - 2011)

BDJ : Juste comme ça pour évaluer ce que cela peut représenter : combien de temps avez-vous mis (à peu près) pour créer une illustration comme celle-ci ?
Yuio
: C’était l’image la plus facile du jeu. La réaliser de A à Z demande « juste » quelques heures.




Les disciples du Dojo et leur Maître

 BDJ : Que préférez-vous : travailler sur des personnages (Dojo) ou sur des éléments naturels imaginaires (Wiraqocha) ?
Yuio
: Les deux. On a au moins le plaisir de varier les projets. C’est un vrai plus de ne pas toujours faire les mêmes choses.


BDJ : N’êtes-vous pas frustré par les petits détails de certaines illustrations qui ne se voient presque plus lors de la réduction des images à la production ?
Yuio
: Oh non, en fait, c’est ma faute si j’en ai parfois fait trop. Il faudrait toujours penser au format final et non à ce que donne l’illustration en grand sur l’écran. Il y a juste que comme c’est des boulots qui ont un certain côté ludique même dans la réalisation, je me perds parfois à faire des choses qui seront invisibles ou presque par la suite.



BDJ : Avez-vous un détail fétiche que vous arrivez à recaser dans les jeux que tu vous avez illustré ?
Yuio
: Pas de détail fétiche mais juste des choses que je dis à ma fille et que j’applique : « tous les arbres, les feuillages, le ciel ou les nuages ne sont pas vert, bleu ou blanc ». J’essaie de flinguer les clichés de couleurs qu’on lui apprend à l’école.



BDJ : Le fait qu’Hazgaard Editions travaille sur de la « para-BD » (figurines d’albums) a dû chatouiller votre côté bédéiste, non ?
Yuio
: J’avoue que j’ai demandé des conseils pour savoir comment fonctionnait les choses pour faire des statuettes car il y a des années, j’avais eu un projet de statuette qui n’a malheureusement pas abouti. J’ignore tout de ce genre de marché et je me demande encore ce qui peut être « publié ». Je n’aime pas faire des choses pour rien alors au minimum, je me renseigne via Hazgaard un peu et via d’autres beaucoup !



BDJ : Ces premiers travaux dans le monde des jeux de société vous donne-t-elle envie d’en faire plus dans ce domaine ?
Yuio
: Je suis du genre à ne plus me projeter dans l’avenir. Je vis au jour le jour. Suivant ce que l’on me propose, je ferai des jeux, des livres pour enfants ou de la BD. Je ne peux pas répondre à la place des gens qui voudraient collaborer avec moi… En plus, il est possible que je ne les connaisse pas tous !



BDJ : Avez-vous joué aux jeux que vous avez illustrés ? Lequel avez-vous préféré, en tant que joueur ?
Yuio
: Pour le moment, j’ai pu tester Dojo en version proto. Antoine m’avait tout envoyé pour que je comprenne la base du jeu. Il a évolué encore un peu depuis.



BDJ : Dojo vs Wiraqocha : vers lequel va votre coup de cœur d’illustrateur ?
Yuio
: Je pense que l’on ne peut pas choisir entre ses enfants. J’aime bien le côté cartoon de Dojo, c’est « facile » pour moi. Wiraquocha, c’est beaucoup de travail et ce jeu représente une période plus longue de recherche. Je pense que je me suis beaucoup remis en question dans son approche graphique. Je crois d’ailleurs que Wiraquocha est sans doute entre mes envies et celles de l’éditeur, de l’auteur. Pas complètement Steampunk, pas totalement SF.



BDJ : Y a-t-il un illustrateur de jeux dont vous appréciez particulièrement le travail ?
Yuio
: Miguel Coimbra ou Anii. En fait, je les ai découverts lorsqu’on trainait tous sur le forum cafésalé. J’ai connu les illustrations de ce gens avant de savoir qu’ils faisaient des jeux évidemment.



BDJ : A votre avis, pourquoi beaucoup de joueurs aiment-ils la bande-dessinée ?
Yuio
: Pour le peu que je pense avoir compris, il y a de part et d’autres beaucoup de geek ou des gens qui veulent s’évader dans des univers forts. En plus, graphiquement, il y a beaucoup d’univers perméables entre la BD, le cinéma et le jeu.



BDJ : D’ailleurs, quels sont vos auteurs de bande-dessinée préférés ?
Yuio
: Je n’aime pas cette question. On aime des bd’s mais pas toujours une œuvre complète. J’ai vécu de vrai bon moment avec Larcenet, Trondheim, Jeff Smith, Mignola, Pedrosa, Boris Mirroir, James, Tezuka, Adachi,…



BDJ : Votre film préféré ?
Yuio
: J’ai un trio Coen/ Burton/ Kitano dont je me sépare pas.



BDJ : Quelle bonne musique mettez-vous dans vos z’oreilles ?
Yuio
: Un peu de tout mais surtout des trucs assez lourds. Avec des accordages de guitare assez bas, des basses qui claquent, des batteries qui martèlent et des chanteurs en sueurs.



BDJ : Si je vous invite à la maison pour un repas local (crêpes et chouchen), quelle sera la garniture de votre première galette ?
Yuio
: Lard et pommes… avec un complément un peu sucré comme du miel. Histoire de faire de la cuisine fusion France/Belgique.



BDJ : Vous l’imaginez comment votre « BOITE DE JEU » idéale ?
Yuio
:


BDJ : Avant de nous quitter, pouvez-vous nous dire quelques mots sur vos prochains projets ?
Yuio
: Je n’en ai qu’un seul qui semble certain : continuer à dessiner. Freelance, c’est juste arriver à s’auto-assurer de ça : « je vais continuer ! ».



BDJ : Je vous remercie de ce temps que vous nous avez accordé. Je vous laisse le mot de la fin...
Yuio
: Un grand merci à vous… et merci de votre accueil dans la « Bulle de Jeux ».

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