DJIB entra dans l'arène ...

... et la foule se tut.
C'était la première fois que les spectateurs ludiques, adeptes des jeux de plateaux voyaient ce DJIB.
Certains en avaient déjà entendu parlé quelques années auparavant sous le nom de Jean-Baptiste REYNAUD ou de JIBE. Il oeuvrait à ce moment- là en tant que concepteur graphique pour une maison de jeux vidéo (Eden Games). D'autres le savaient lié à Black Book Editions, Asmodée ou Play Factory où ce gladiateur du coup de mine illustrait du jeu de rôle. Il se murmurait même qu'il avait trempé dans l'encre de la presse jeunesse (Chaudron Magique).
A dire vrai, lorsque les portes de l'arène se refermèrent derrière lui, rares étaient ceux qui savaient ce qu'il allait advenir de ce DJIB...

Il avait été envoyé là par un certain Guillaume Blossier, créateur, avec son compère Frédéric Henry, de la maison d'édition Pulsar Games .
Ils lui avaient demandé de reprendre les illustrations d'un ancien jeu (Mad Arena) qu'ils voulaient ressortir sous le nom d'Ultimate Warriorz.



Ce jeu était un jeu de baston entre 7 personnages où seul le plus valeureux, le plus fourbe et le plus chanceux serait le dernier survivant, le guerrier ultime.

(Mad Arena-Guillaume Blossier-Les XII Singes-2008)


La mission de DJIB était la suivante : redonner un coup de neuf à ces sept personnages et en rajouter un huitième ! Ni une, ni deux : Djib l'avait acceptée.
La chose n'était pas aisée car les personnages avaient déjà leur identité visuelle, leur propre caractère.

Djib entra donc dans l'arène... La foule, attentive, se tut.
Soudain, dans un élan de poignet, l'illustrateur esquissa ses premiers traits.






En quelques coups de crayons et de palette graphique, Zamioculcas était revenu des flammes de l'enfer !

Un temps silencencieuse, la foule murmurait maintenant, très étonnée. Etonnée que DJIB ne leur ai pas été présenté plus tôt. Etonnée des capacités graphiques de ce Maximus du pixel !

Ne laissant pas le temps à sa mine de crayon de repousser, voilà que DJIB esquissait les traits d'un grand bout de bois adepte du bowling : Baobab.


A ce moment-là, ce furent de nombreuses paires d'yeux qui s'émerveillèrent de ces traits affutés, précis, justes.
D'abord sceptiques, les adeptes du jeu de société qui garnissaient les gradins de l'arène étaient en train de tomber sous le charme de cet inconnu scribouillard qui déboulait sans se poser de question dans l'antre des jeux de plateaux. Mais ils n'avaient pas encore tout vu, loin de là.

Djib entama ensuite une succession de tracés, tantôt gris, tantôt colorés dans le but de redonner vie à un autre individu : Burdok du clan Mac-Leon et sa légendaire épée ClaymoreThunderblade.

 Un petit croquis pour commencer...
 Des traits plus affinés, sur ses gardes ...
 Une version plus aggressive
 Et hop !
Le même en couleurs ...
  Un peu de volume, des éclairages...
 Moustaches, tatouages et autres motifs...
Et le fameux rayon sortant de la Thunderblade !



Des applaudissements, des encouragements montaient maintenant des travées. Djib avait désormais ses adeptes, ses admirateurs. Il était en passe de réussir son pari : illustrer son premier jeu de société. 

Mais Djib n'en oubliait pas pour autant ce que lui avait demandé ses chefs : dessiner un huitième personnage. Ce sera Jojoba.




Epoustoufflé pas cette dernière réalisation, le speaker de l'arène, un certain Tetdos, sorti de derrière les pallissades et couru lui poser cette question :
"Mais comment avez-vous eu l'idée de ce nouveau personnage ?"

Djib s'arrêta de dessiner. Il leva les yeux vers cet intrus qui venait le déranger. Après de longs instants silencieux, il déclara d'une voix posée, sans reprendre son souffle :

"Pour Jojoba, c'est une commande de Guillaume. C'est en effet le seul personnage "original" de la boîte de base d'Ultimate Warriorz par rapport à Mad Arena.
Globalement, je suis resté assez fidèle aux designs de base d'Olivier Fagnière, dessinateur de Mad Arena, avec ma "touche" perso bien sûr, un peu plus "comics/cartoon". Pour Jojoba, son descriptif était simple, mais précis concernant ses capacités, sa taille, ses armes...
Graphiquement, il m'est venu assez naturellement ; j'ai rapidement trouvé sa trogne de teigne verte, le côté iroquois/punk avec sa crête de plumes, etc... Pour ses armes et vêtements, je voulais quelque chose d'assez "brut de décoffrage", un peu rafistolé, ouvragé façon "gob'", comme pour les flèches par exemple.
En fait, à chaque fois pour ces personnages, j'essaie de trouver un petit détail qui donne un côté moins sérieux au personnage, un peu second "degré", qui peut apporter, toutes proportions gardées, un peu d'épaisseur au personnage, un début d'histoire (anneau dans le nez de Sorgho, les sandales à pointes de Burdock, le logo sur le costume d'Agaric, etc...).
Guillaume, très à l'écoute et aimant beaucoup travailler le background de son univers et détailler l'historique de ses personnages, est souvent très friand de ce genre de détail. Il me donne une bonne liberté concernant ce genre de choses, et ça peut même parfois lui inspirer quelques points de règles.
Voilà, en somme, j'essaie d'aller un peu au-delà du descriptif de base du personnage, en imaginant ces petits trucs. Ca m'aide à le dessiner, à me l'approprier. Et pour un jeu comme Ultimate Warriorz, qui est pas mal basé sur le "charisme" des personnages, comme pour un jeu de baston sur consoles de jeu, je pense que ça peut apporter un p'tit plus."

Un autre silence, celui des spectateurs s'en suivi. Cet homme avait du coffre.

Le speaker s'écarta, sentant bien que DJIB n'avait pas terminé son oeuvre. Levant les yeux vers un public qui n'en n'avait que pour lui maintenant, il rajouta : "Maintenant, la boîte".

Et joignant la parole à ces coups de crayon, DJIB expliqua son travail afin que tout le monde comprenne bien :

"de gauche à droite, le minotaure matador s'apprête à embrocher le highlander, qui est en train de se faire canarder par l'indien goblin. Ce dernier manque de peu de se prendre la pierre de bowling de l'homme-arbre qui l'avait pourtant réservé au gladiateur orc, évitant lui aussi de justesse le bolide... L'homme-arbre, lui, se fait sournoisement crâmer au passage par le dragon qui est en train de se démener pour éjecter de son museau le petit mousquetaire. Le samouraï nain est ici en électron libre, il se jette au coeur de la meule, prêt à en découdre avec tout le monde..."














(Ultimate Warriorz-Guillaume Blossier-Pulsar Games-2011)


Une fois la boîte terminée, DJIB se releva. Recula pour contempler son travail.
La foule, en délire, scandait : "DJIB DJIB DJIB DJIB DJIB ...."

Humblement, Djib salua la foule et s'en retourna dans les entrailles de l'arène dont les portes lui avaient été ouvertes.
Il venait de réussir son entrée dans le monde des illustrateurs de jeux de société. Et de quelle manière !

Les travées mirent très longtemps avant de se vider. Les spectateurs étaient encore sous le charme de cette démonstration et n'attendaient plus qu'une chose : que DJIB revienne et entre, de nouveau, dans l'arène.
Moi aussi.


Tetdos



 Il se peut que certaines illustrations n'apparaissent pas entièrement sur votre écran. Pour les voir en intégralité, cliquez sur l'image.


Pour visiter le blog de DJIB: cliquez ici




Pour en savoir plus sur Ultimate Warriorz : chez Pulsar Games

ALI de Stéphane POINSOT vous laissera baba ...

Chaque tas de boîte de jeux de société recèle ses trésors d'illustrations. Nul doute alors qu'un jour, en le sachant ou pas, vous avez vu le travail de Stéphane POINSOT.          
Le souci avec cet illustrateur de talent, c'est qu'il est tellement capable de passer d'un style à l'autre que bien malin celui ou celle qui saura reconnaître sa patte graphique au premier coup d'oeil s'il n'y est exercé.                         

Reprenons rapidement le fil des quelques jeux que Stéphane POINSOT a illustré, et vous allez vous rendre compte de sa grande diversité de styles...

  
  
  
  
 


 




De la couleur, oui, toujours (ou presque), mais des techniques très variées.

Prenez l'exemple de Meurtre à Casablanca : Stéphane POINSOT a travaillé à l'encre et à l'infographie. Deux techniques pas si répandues que ça chez les illustrateurs de jeux de société. Il faut dire aussi que ce jeu est aussi particulier puisqu'il s'agit d'un jeu d'enquête.


(Meurtre à Casablanca-Guillaume Montiage-Asmodée-2007)

Si vous observez maintenant de plus près les couvertures des jeux Il était une fois et Invasions, vous vous apercevrez peut-être qu'il s'agit de couvertures réalisés à peinture à l'huile ! Si si ! Comme Marie CARDOUAT, Stéphane POINSOT a gardé ce contact avec les poils de martre et les pigments de couleurs. Ceci donne d'ailleurs à ces illustrations un superbe côté bande-dessinée.



(Il était une fois-Richard Lambert/Andrew Rilstone/James Wallis-Play Factory-2006)



(Invasions-Steve Kendal/Phil Kendal-Asmodée-2006)



Aussi à l'aise avec une palette graphique, Stéphane POINSOT a travaillé de manière splendide sur l'illustration de la réédition du jeu Evo de Philippe Keyaerts.
Voici le fil de la réalisation de la couverture du jeu. Ce travail a été réalisé grâce à la superposition de différents calques. Remarquez qu'il avait dessiné ses personnages au crayon gris auparavant. Vient ensuite un tracé au crayon numérique puis une mise en couleurs...






(Evo nouvelle version-Philippe Keyaerts-Asmodée/Editions Descartes-2011)
Travail réalisé avec Stéphane GANTIEZ



Si je vous parle de cet illustrateur aujourd'hui, c'est que Stéphane POINSOT travaille en ce moment sur la prochaine production conjointe d'Antoine Bauza et Corentin Lebrat qui devrait sortir chez Libellud fin août 2012. Cette production se prénommera Ali.


Et comme chez Libellud, ils sont bien sympas, voici rien que pour vous, en grande exclusivité ludico-mondialesque, quelques illustrations du jeu.
Stéphane POINSOT retrouve ici un univers oriental très coloré qu'il a déjà connu pour Bombay. Vous noterez d'ailleurs qu'un éléphant persan, cousin des indous, fera certainement partie du casting !


La future couverture du jeu ?
En tous cas, voici la fameuse caverne des 40 voleurs qu'Ali se fera un plaisir de vider !



Travail préparatoire pour le personnage d'Ali
Ali enfin en chair et en os ... et les bras bien chargés !


 

Travail préparatoire du chef des brigands

Ali connait maintenant le sort que réserve cette personne s'il lui tombe dessus ! Chkouik !


Travail préparatoire du petit singe.


D'après vous, c'est un ami d'Ali ou du chef des brigands ?


L'éléphant du jeu Ali.


L'éléphant du jeu Bombay.
Il y a comme un air de famille, non ?

(Bombay-Cyril Demaegd-Ystary Games-2009)


 
 

 
Quelques cartes du jeu


L'illustration d'Ali viendra donc s'ajouter à cette belle carte de visite de Stéphane POINSOT qui a eu bien d'autres activités à son actif : illustration pour le jeu de rôle, pour le jeu vidéo, pour la bande-dessinée, pour la publicité...

Si comme moi, vous appréciez son travail, n'hésitez pas à le faire remarquez aux joueurs qui partageront l'une de vos prochaines partie, car il y a fort à parier que dans votre ludothèque, se trouve au moins l'un des jeux qu'il a illustré. 

Dorénavant, il serait bien que le travail de Stéphane POINSOT soit aussi remarqué que sa discrétion. Car même si l'art de l'illustration réside dans la capacité de l'auteur à s'immerger totalement dans un univers au point de disparaître derrière, il est bon que cet art soit aussi mis en lumière.


Tetdos